Au long de ce périple mouvementé, il est une notion qui refait surface régulièrement. Je veux parler d'un concept, vieux comme le monde, plus ancien qu'Adam et Eve et toutes les aventures qui leur arrivèrent après que Nahash, le serpent malicieux, tenta Eve, qui elle-même entraîna Adam dans le pêché, ce qui les vit être expulsés du paradis.
Une idée mystérieuse sur laquelle tout a déjà été dit; une notion à la fois connue et pourtant si mal comprise; un concept que tous les artistes, quelque soit leur culture, ont essayé de dompter; un symbol unissant l'humanité dans ce qu'elle a de plus grandiose mais aussi parfois de plus abjecte quand de ce mythe il n'y a plus trace.
Le sujet est si complexe dans sa simplicité et si simple dans sa complexité. Il est un tout qui s'apparente à un grand vide, à un rien dont les mystères restent insondables. On dit de lui ou d'elle - a-t-il un sexe d'ailleurs ? - qu'il peut être platonique. Pour beaucoup d'entre nous il est et fut parfois plat, pour d'autres tonique, l'association des deux le rend irréel.
Il peut aussi être déchu, bafoué, martyrisé, pulvérisé et dès lors il se détermine par son absence, une absence qui fait vaciller le monde, tourner la Terre à l'envers et s'effondrer tous les châteaux de cartes... dont ceux que nous avions bâtis en Espagne. Cette chose noire et vilaine, je ne l'aime pas, je la déteste même, je l'abhorre et je n'ai pas envie d'en parler, quoique, sans l'un, l'autre existerait-il vraiment ?
Les midinettes en raffolent et dévorent des romans à l'eau de rose qui sentent bon le papier recyclé. Les éperdus sont perdus dans les méandres d'une sentimentalité exacerbée. Les transits sont prêts à en crever de froid pour le décrocher, ce grand et bel olibrius. Ce serait trop facile et c'est justement parce que nous essayons trop souvent de le qualifier que nous oublions de le célébrer pour ce qu'il est: un cadeau, un don, une offrande.
Il lui arrive de mal s'engager, peut-être sur un malentendu, puis de s'épanouir dans un feu d'artifice de sentiments partagés. Il peut aussi bien partir sur les chapeaux de roue et s'écraser en plein vol, contre un mur... double peine. Rien n'est jamais écrit et tel le feu, il faut l'entretenir toute sa vie durant.
Personne n'en a la maîtrise. Nous le recevons, le partageons et le donnons sans pouvoir le contrôler. Il est imprévisible et flamboyant. Certains le trouvent dans le près à côté de chez eux comme à la TV, d'autres traversent les océans pour le débusquer à l'autre bout du monde.
J'en connais certains qui voudraient lui accoler des lois et des règles, universelles bien sûr, pour le régir tel un vulgaire pis-aller sentimental. Foutaise ! Il est incontrôlable et plus tu chercheras à le maîtriser plus il te glissera entre les doigts et ira se jeter dans les bras du premier venu.
Mais ne nous y trompons pas, il est aussi un danger et une prise de risque totale. Qui ne s'est pas dit un jour: ça ne m'arrivera jamais, je suis plus fort que tout ! Ou alors, pas à moi, je ne suis pas fait pour ça! Et paf! Le voilà qui te saute en plein coeur et en pleine gueule. Il t'écrase et te broie, anéantissant tous tes repères. Tu te perds. Tu es perdu. Allez ne me dis pas que cela ne t'est jamais arrivé!
Alors pourquoi quand il débarque, soudain, sans crier gare, te mets-tu à flotter ? Pourquoi danses-tu la samba sur ton petit nuage ? Hein? Dis le moi !
Tu trouves l'autre mystérieuse, mais tu as peur de la perdre. Tu es prêt à faire le grand saut dans l'inconnu avec cet inconnue, mais tu hésites, tu as peur et puis tu te lances sans réfléchir. Voici donc une chose qui le caractérise: le manque de réflexion ou de recul. Tu trembles, tu sombres, tu te décomposes. Mais soudain tu existes, non pour toi, mais pour l'autre.
J'en ai entendu me dire qu'ils avaient des papillons dans le ventre. Aïe, ca doit être douloureux tout de même... Pauvres bêtes !
Il peut être douloureux aussi, ne soyons pas naïfs, et il peut donc meurtrir... certains en sont morts d'ailleurs. Pauvres âmes !
Il est aussi synonyme de manque. Celui de l'autre, celui de l'être. Mais pourquoi diable alors tombons-nous toujours dans le panneau ? Ah, tu sais, il se trouve qu'il a ses raisons que la raison ne connaît point.
J'en vois déjà me dire que je suis en train de tout mélanger, de tout mettre dans une espèce de pot et de touiller dans l'espoir d'en sortir une définition acceptable. Ceux-là en sont dépourvus et je ne chercherai pas à les convaincre du contraire. Je n'ai pas cette prétention et cette énergie. Je ne veux, car je ne peux le définir. Je ne veux car je ne peux le nommer, cela serait bien trop réducteur. Mais j'y crois, tel est le paradoxe.
D'aucuns diront qu'il est l'incarnation de Dieu, que dis-je, qu'il est Dieu lui-même. Cela voudrait-il dire que les non-croyants en sont exempts ? Impossible, le monde serait bien triste sans lui, qu'il soit de nature divine ou non.
Alors je me pose la question. N'est-il pas tout simplement là ? N'est-il pas ce IL ou ce ELLE qui peut se réveiller à tout moment ? N'est-il pas la seule chose dont nous disposons à discrétions sans pour autant que nous en soyons les propriétaires ? N'est-il pas trivialement l'essence de la vie ? Qu'il soit pure réaction chimique ou magie des sens, il n'en est pas moins un guide, un compagnon, un frère, une soeur, un enfant, un parent... Il est tout et son contraire à la fois. Il est là sans y être. Il est absent dans sa présence et présent dans son absence pour peu qu'on veuille lui ouvrir les bras.
ll se reçoit sans condition et se donne sans limite. Si tu n'y prends garde, il te giflera, mais tends-lui la main, ouvre-là, partage ton innocence, alors seulement il t'accueillera et t'enrobera de son aura.
Je pourrais t'en parler encore pendant des heures. Je pourrais te dire qu'il est abnegation, partage, communion, joie, patience, humilité ou encore respect. Je pourrais rajouter qu'il est Eros (désir), Philia (amitié) et Agapè (consacré à autrui). Je pourrais conclure en disant qu'il a été chanté et conté dans toutes les langues, véritable tour de babel à lui tout seul. Mais surtout sachant bien que tu as deviné de qui je voulais parler - je ne suis pas si bête -, je voulais te dire que je n'ai pas envie de le nommer, par aujourd'hui, pas maintenant, car j'ai envie, à toi qui me lit, de t'en donner tout simplement.
En attendant, #restezchezvous!
Throughout this eventful journey, there is a concept that regularly resurfaces. I'm talking about a concept, as old as the world, older than Adam and Eve and all the adventures that happened to them after Nahash, the malicious snake, tempted Eve, who herself led Adam into sin, which saw them being expelled from paradise.
A mysterious idea on which everything has already been said; a concept that is both known and yet so poorly understood; a concept that all artists, whatever their culture, have tried to tame; a symbol uniting humanity in what it has of grandest but also sometimes of most abject when of this myth doesn't even exist anymore.
The subject is so complex in its simplicity and so simple in its complexity. It is a whole that is akin to a great void, a nothing whose mysteries remain unfathomable. It is said of it and why not of him or her - does it/he/she have a sex actually? - that it can be platonic. For many of us it is and was sometimes flat (plat in French), for others tonic, the association of the two makes it unreal.
It can also be dead, scorned, martyred, pulverized and from then on it is determined by its absence, an absence which makes the world waver, turning the Earth upside down, making all the houses of cards collapsing. This black and ugly thing, I don't like it, I even hate it and I don't want to talk about it, although, without one, would the other really exist?
Some teenagers love it and devour romance novels that smell of recycled paper. The super lovers are lost in the meanders of an exacerbated sentimentality. The transient lovers are ready to die of cold find it. It would be too easy and it is precisely because we too often try to qualify it that we forget to celebrate it for what it is: a gift, an offering.
It sometimes starts badly, perhaps on a misunderstanding, then blossoms in a firework of shared feelings. It can just as easily crazily set off and crash into mid-flight, against a wall. Nothing is ever written and like fire, it must be maintained throughout the life.
No one has control of it. We receive it, share it and give it without being able to control it. It is unpredictable and flamboyant. Some find it in the near by their home, like in a TV show, others cross the oceans to flush it out at the other end of the world.
I know some people who would like to write laws and rules about it, universal of course, to govern it like a vulgar object. Rubbish! It is uncontrollable and the more you try to control it the more it will slip between your fingers and will throw itself into the arms of the first comer.
But make no mistake, it is also a danger and a total risk-taking. Who hasn't said one day: it will never happen to me, I'm stronger than anything! Or, not for me, I'm not made for that! And bang! Here it jumps into your heart and face. It crushes you, destroying all your bearings. You get lost. You are lost. Come on, don't tell me it never happened to you!
So why when it suddenly appears you float in the air? Why are you dancing samba on your little cloud? Huh? Tell me !
You find the other mysterious, but you're afraid of losing her. You are ready to take the leap into the unknown with this stranger, but you hesitate, you are afraid and then you jump into it without thinking. Here is one thing that characterizes it: the lack of reflection or hindsight. You tremble, you sink, you decompose. But suddenly you exist, not for yourself, but for the other.
I heard some say they had butterflies in their stomachs. Ouch, it must be painful ... Poor animals!
It can be painful too, let's not be naive, and it can bruise ... some have died from it. Poor souls!
It is also synonymous with lack. That of the other, that of being accompanied. But why the hell do we always fall for it? Ah, you know, it turns out that it has his reasons that reason does not know.
I can already see people telling me that I'm trying to mix everything, put everything in a kind of pot and stir in the hope of coming out with an acceptable definition. These don't understand and I will not try to convince them. I do not have this pretension and this energy. I don't want to, because I can't define it. I do not want because I cannot name it, that would be far too simplistic. But I believe in it, that is the paradox.
Some say that it is the embodiment of God, no, even that it is God himself. Does this mean that non-believers are exempt? Impossible, the world would be very sad without it, whether it is divine in nature or not.
So I ask myself the question. Isn't it just there? Isn't it true that this IT, HE or SHE that can wake up at any time? Isn't it the only thing we have at our discretion without being the owner? Isn't it trivially the essence of life? Whether it is pure chemical reaction or magic of the senses, it is nonetheless a guide, a companion, a brother, a sister, a child, a parent ... It is everything and its opposite at the same time. It is there without being there. It is absent in its presence and present in its absence. Let's just open our arms.
It can be unconditionally received and given without limits. If you are not careful, it will slap you, but hold its hand, open yours, share your innocence, only then will it welcome you and coat you with its aura.
I could talk to you about it for hours. I could tell you that it is abnegation, sharing, communion, joy, patience, humility or even respect. I could add that it is Eros (desire), Philia (friendship) and Agapè (devoted to others). I could conclude by saying that it was sung and told in all languages, a veritable tower of babel by itself. But, especially knowing that you guessed who I wanted to talk about - I'm not so stupid -, I wanted to tell you that I don't want to name it, not today, not now, because I want, to you who reads me, to simply give it to you.
In the meanwhile #Stayathome