Pourtant par la fenêtre que j'avais laissée ouverte pendant la nuit, dans l'espoir de rester connecté avec le monde extérieur, l'autre monde, j'entendais les oiseaux chanter, joyeux, insouciants et je sentais une légère brise me chatouiller le bout des orteils. Il ne m'en fallut pas plus pour me mettre un gros coup de pied au cul. Je me levai et allai humer ce matin calme, si calme, trop calme.
Non ! Il était hors de question de me laisser aller à l'oisiveté. C'était la dernière des choses à faire alors que des semaines d'inaction se dessinent à l'horizon. J'abandonnai ma fenêtre et cette vue qui depuis hier est devenu mon seul océan et mon unique forêt et m'embarquai dans le rangement de mon petit univers.
Depuis mon retour de Norvège, l'an passé, et en raison de mes nombreux déplacements, cela faisait des lustres que je n'avais pris le temps de faire le tri dans mes affaires. Pas très fier de vivre dans le capharnaüm, mais m'en accommodant jusqu'à aujourd'hui, je trouvai la motivation pour classer, ranger et surtout jeter tout le superflu.
Ah que cela me fit du bien de remplir des sacs d'inutile. Un sac, deux, trois, puis quatre... j'arrêtai de compter. A quoi bon! Mais qu'il était doux malgré tout de faire le vide et de reprendre possession de mon espace vital. Tellement crucial, étant donné le régime sec auquel il est soumis depuis quelques heures.
Lentement, l'énergie revenait, coulant dans mes veines comme un torrent salvateur. Je me sentais prêt à affronter ce jour 2 d'isolement. Pendant toute la journée, je vaquais à mes occupations comme si de rien n'était, évitant néanmoins de m'approcher trop de la clôture, de crainte de me laisser happer par cet univers interdit. Sentiment perturbateur de tout connaître autour de moi, au point de pouvoir parcourir les rues de mon enfance les yeux fermés, tout en étant conscient qu'elles sont devenues un no man's land, véritable champ de mines où le virus fait des ravages.
Pendant de brefs moments tout au long de cette belle journée de printemps, l'idée que nous vivions une bien 'drôle' d'époque me traversa l'esprit. Qui aurait pu, ne serait-ce qu'un seul instant, imaginer que tout un pays et progressivement tout un continent allaient se figer dans l'espace et le temps ? Scénario improbable, histoire à dormir debout, fable des temps modernes pourtant si réelle. La monde est à l'arrêt, tout le monde se caparaçonne à part quelques énergumènes décervelés dont les journaux télévisés nous comptent les péripéties débiles... restez chez vous les garde, merde!
Allez, la nuit est tombée, il faut que je rentre dans ma tanière. Au moins ce soir, elle est plus confortable, plus douillette, même si j'ai encore un peu de travaux à y faire. Je vais être occupé dans le futur proche.
Le challenge des semaines à venir: trouver quoiqu'il en soit des raisons d'espérer. Aujourd'hui, j'ai trouvé.
Bonne nuit mes amis humains!
Yet through the window that I had left open during the night, hoping to stay connected with the outside world, the other world, I could hear the birds singing, happy, carefree and I felt a light breeze tickle my toe tips. It didn't take more to kick my ass. I got up and went to smell this calm morning, so calm, too calm.
No ! It was out of the question to let me go idle. It was the last thing to do as weeks of inaction loomed on the horizon. I abandoned my window and this view which since yesterday has become my only ocean and my only forest and embarked on the cleaning of my little universe.
Since my return from Norway last year, and because of my many trips, it has been ages since I had taken the time to sort through my belongings. Not very proud to live in the shambles, I found the motivation to classify, tidy up and above all throw away all the superfluous.
Ah, it felt so good to fill up bags with unnecessary stuff. A bag, two, three, then four ... I stopped counting. What's the point! But how sweet it was to clear the room and regain possession of my living space. So crucial, given the dry diet to which it has been subjected for a few hours.
Slowly the energy came back, flowing through my veins like a saving torrent. I felt ready to face this day 2 of isolation. Throughout the day, I worked as if nothing was happening, nevertheless avoiding getting too close to the fence, for fear of being caught in this forbidden universe. Disturbing felling to know everything around me, to the point of being able to walk the streets of my childhood with my eyes closed, while being aware that they have become a no man's land, a true minefield where the virus is wreaking havoc.
For brief moments throughout this beautiful spring day, the idea that we were living in a very 'funny' era crossed my mind. Who could have imagined, for a single instant, that an entire country and gradually an entire continent would freeze in space and time? Improbable scenario, impossible story, fable of modern times yet so real. The world is at a standstill, everyone is taking care of themselves except for a few frenzied boisterous people whose TV news tell us the stupid adventures ... stay at home, damn it!
Ok, night has fallen, I have to go into my den. At least tonight, it is more comfortable, more cozy, even if I still have a little work to do. I will be busy in the near future.
The challenge of the coming weeks: finding something to hope for. Today I found it.
Good night my human friends!