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Je vous invite ici même à suivre mon blog de voyage. Coups de coeur et coups de gueule. Impressions. N'hésitez pas à laisser vos commentaire. I invite you here to follow my travel blog. What I like or dislike. Impressions. Feel free to leave your comments.

 

LES MONTAGNES DANS LE SANG

Je suis aujourd’hui parti à la découverte d’une culture qui jusqu’à présent m’échappait quasi totalement. Si depuis deux jours, j’arrive enfin à placer sur une carte le Daghestan, que dire de la culture de ce peuple à la fois si proche et si lointain ? Pour essayer de comprendre un peu plus ce qu’il y a derrière les regards que je croise au quotidien depuis mon arrivée, je me suis enfoncé dans les montagnes du Caucase où mes découvertes géographiques ont entraîné des découvertes historiques et humaines qui en disent long sur cette petite république du sud de la Russie et sur l’esprit de combat qui l’habite, jusque dans les résultats de ses athlètes aux jeux Olympiques, deux athlètes judokas originaires du Daghestan, Mansur Isaev et Tagir Khaybulaev ayant remporté le titre ultime à Londres en 2012.

Contrairement à une bonne partie de la Russie, le Daghestan est musulman, comme peut l’être la Tchétchénie voisine ou l’Ossétie. L’Islam représente d’ailleurs la deuxième religion de Russie. Au Daghestan il est considéré comme un Islam modéré hérité de son histoire, ce que j’ai pu constaté depuis deux jours.

Pour comprendre un peu mieux ce peuple qui est en fait composé d’une mosaïque d’ethnies, il faut voir ces montagnes majestueuses qui s’élancent depuis les bords de la Mer Caspienne. Aux mouvements de terrain incessants et brutaux succèdent des plissements de la croute terrestre d’une infinie douceur et volupté. La terre est pauvre, l’arbre rare. Des murs de pierres se dressent en travers de la route de qui aurait l’idée saugrenue de franchir le Caucase.

Au XIXe s., l’Empire Russe a des vues sur cette région, et veut étendre sont emprise sur les terres ottomanes et perses afin d’obtenir un passage pour atteindre la Caspienne et la Mer Noire. En réaction à l'invasion russe, les tribus du Caucase unissent leurs forces et s’engagent dans la ‘Guerre du Caucase’.

Parmi les premiers meneurs, L’Imam Chamil se distingue rapidement, entre autre lors du siège d'Akhoulgo (site que j’ai visité) où il a trouvé refuge avec ses 1 400 hommes accompagnés de femmes et enfants. Les combats sont atroces. L’Empereur Russe envoie 15 000 hommes, puis 60 000, pour se défaire des 4 000 personnes ayant trouvé refuge dans ces montagnes accidentés.

Chamil lutte sans faiblir et arrive miraculeusement à s’échapper quand la situation devient totalement intenable. Il continuera pendant de nombreuses années à s’opposer à l’invasion russe. Le 25 août 1859, il doit finalement se rendre aux troupes tsarines. Mais devant la bravoure que lui et ses hommes ont montrée, son sort sera plutôt clément et il deviendra un exemple pour toute une population qui lui rend encore homage aujourd’hui.

Il échange beaucoup avec le Tsar qui le respecte beaucoup. Il meurt finalement à Médine en 1871, alors qu’il est en en train d’aller en pèlerinage à la Mecque.

Cet esprit de défendre ses terres, aussi accidentées et rudes soient-elles, cette fierté assumée, cette volonté de ne pas céder et d’aller jusqu’au bout de l’effort, cette capacité à endurer le pire pour préserver ses valeurs et sa culture, sont encore des traits de caractère que l’on perçoit chez les habitants du Daghestan et qui expliquent beaucoup de choses, parmi lesquelles le fantastique esprit de combat de ses athlètes. Ils ont les Montagnes dans le sang.

 

Mon guide et sa famille aujourd'hui lors de la visite du Mémorial pour les participants aux guerres du Caucase de Ahulgo dans le district Untsukul.
My guide and his family today during the visit of the Memorial to Caucasian War participants of Ahulgo in the Untsukul district.

 

The Mountains in the Blood

Today I went to discover a culture that until now I did not know at all. If after two days I finally managed to place Dagestan on a map, what about the culture of this people, so close and so distant? To try to understand a little more what is behind the eyes of those who I have met since my arrival, I sank deep into the mountains of the Caucasus where my geographical discoveries led to historical and human discoveries that tell a lot about this small republic of southern Russia and the fighting spirit that inhabits its people, as far as today the results of its athletes at the Olympics are amazing. Two judokas from Dagestan, Mansur Isaev and Tagir Khaybulaev won the ultimate title in London in 2012 and are national heroes.

Unlike much of Russia, Dagestan is Muslim, as can be the neighboring Chechnya or Ossetia. Islam is the second religion of Russia. In Dagestan it is considered a moderate Islam inherited from its history, which I have been the witness for two days.

To understand a little better this people who is in fact made up of a mosaic of ethnic groups, one must see these majestic mountains that rush from the seashores of the Caspian Sea. Incessant and brutal movements of land succeed to folds of the terrestrial crust that are of infinite sweetness and voluptuousness. The earth is poor, trees rare. Walls of stones stand across the road of who would have the absurd idea of crossing the Caucasus range.

In the nineteenth century, the Russian Empire had views over this area, and wanted to expand its hold on the Ottoman and Persian lands in order to get a passage to reach the Caspian and Black Sea. In response to the Russian invasion, the Caucasian tribes join forces and engage in the 'Caucasian War'.

Among the first leaders, Imam Shamil rapidly distinguished himself, especially during the siege of Akhoulgo (site I visited today) where he found refuge with his 1,400 men accompanied by women and children. The fights were atrocious. The Russian Emperor sent 15,000 men, then 60,000, to get rid of the 4,000 people who had taken refuge in these rugged mountains.

Chamil struggled unabatedly and miraculously escaped when the situation became totally untenable. He continued for many years to oppose the Russian invasion. On August 25, 1859, he finally had to surrender to the Tsarine troops. But based on the bravery he and his men showed, his fate was rather lenient and he became an example for a whole population that still pays homage to him today.

He exchanged much with the Tsar who respected him. He finally died in Medina in 1871, while he was on a pilgrimage to Mecca.

This spirit of defending its lands, as rugged and rough as it can be, the assumed pride, the determination not to yield and to go until the limits, the ability to endure the worst to preserve its values and Culture, are still traits of character that are perceived among the inhabitants of Dagestan and explain many things, including the fantastic fighting spirit of its athletes. They have the Mountains in their blood.