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Nous nous sommes bien trumpés

La nuit a été courte, trop courte. J’aurais du dormir, je le savais. Peut-être me serais-je réveillé ce matin avec un autre goût dans la bouche que celui bizarre d’un monde qui semble perdre la tête. L’élection aux USA! Que dire? Tout simplement que nous nous sommes bien ‘trumpés’. Pourtant dire ce matin que je suis surpris? Pas vraiment. Dire que c’est un mauvais rêve? En fait, non. C’est la ‘réalité vraie’, sans détour, sans maquillage. Oui les USA vont avoir un nouveau président qui, c’est le moins qu’on puisse dire, ne fait pas l’unanimité. Mais pourquoi me soucie-je tant de ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique? Finalement, je ne suis pas américain. Alors quoi?

De pars mes activités et mes nombreux voyages, je constate sans difficulté qu’une élection américaine a également un impact immense sur la bonne rotation de notre planète qui, il faut bien le dire, ne tourne plus très rond. Que ce soit bien ou mal, c’est ainsi. Nous vivons dans un monde globalisé et à moins de nous retirer au fin fond de la jungle amazonienne, nous ne pouvons pas ou plus y échapper depuis déjà un certain temps.

Je ne suis donc pas étonné des résultats de cette élection. Depuis plusieurs semaines, je répète, lorsqu’on me pose la question, que la ‘stratégie du tout sauf Trump’ a ses dangers et qu’elle peut être contre-productive. Eh bing! Bang! Cataclysme! Ca n’a pas loupé. Celui qu’on qualifie de tous les noms d’oiseaux, l’a fait, il y est arrivé. L’un après l’autre, il a déjoué tous les pronostiques et tous les sondages, alors que nous continuons encore à y croire à ces fichues enquêtes d’opinion. L’opinion justement, elle se fout bien de vous messieurs les sondeurs et ce n’est pas la première fois. Elle doit bien rigoler à l’heure qu’il est.

Je suis en revanche plus étonné, quoique, de voir combien pleurent aujourd’hui, combien se lamentent, combien sont prêts à s’exiler vers leur jungle amazonienne devant les résultats du vote américain. J’y vois, depuis mon petit bout de la lorgnette, une autre évidence de ce mal qui est peut-être celui qui nous ronge le plus: la coupure totale de nos élites avec la réalité de la vie tout en bas de l’échelle. La coupure réelle entre riches et pauvres, entre nantis et misérables, entre ceux qui ont la chance et ceux qui ne l’ont pas, entre ceux qui savent, ou croient savoir et ceux qui sont insultés car ils n’ont pas d’éducation. Au final nous nous refermons tous sur nous même, tous autant que nous sommes et nous n’essayons même plus de tenter de comprendre l’autre, celui ou celle qui est différent de nous.

Nous prédisons, nous pronostiquons, nous prévoyons, nous envisageons mais nous nous ‘trumpons’. Evidemment que les discours racistes et sexistes du ‘président-élu’, comme il faut désormais l’appeler, sont répugnants. Evidemment qu’une bonne partie de son programme va à l’encontre totale de ce en quoi je crois et ce pour quoi je me bats au quotidien. Evidence que tout cela! Mais j’ai ce sentiment de plus en plus fort que nous restons enfermés dans notre bulle en pensant que tout le monde doit nécessairement penser comme nous, voire comme moi qui ai cette chance de parcourir le monde et de vivre plutôt confortablement. Nous sommes coupés des réalités. Nous sommes sourds et aveugles. Nous sommes totalement handicapés de cette société qui nous éclate à la figue avec sa crue réalité de fins de mois difficiles, de salaires raz des pâquerettes, d’insécurité réelle ou fantasmée. Et soudain nous nous réveillons et constatons: quoi? comment? Ces idiots d’américains ont élu ce type… Ahhhh, horreur, damnation. Les imbéciles. Les cons…

Mais de quel droit, nous qui revendiquons le respect comme une religion en soi, nous permettons-nous soudain d’insulter la démocratie et le choix de la majorité? Oui, nous avons un droit, celui de ne pas partager l’avis de l’autre, mais avons-nous pour autant le droit de dire qu’il est débile d’avoir voté ainsi? Je ne le crois pas. Je ne le pense pas. A trop insulter le votant de l’improbable, nous le confortons dans son choix et creusons encore plus le fossé qui nous sépare. J’ai envie de comprendre pourquoi un tel résultat. J’ai envie de connaître les ressorts d’une telle élection et j’ai envie d’en comprendre le résultat et sans pour autant jeter l’opprobre sur des idées qui ne seraient pas les miennes.

Je ne le cacherai pas, je suis inquiet de ce qui risque de se passer dans les mois à venir et je suis inquiet de voir la mise en action de propositions/promesses qui ont été égrainées au cours d’une campagne qui avait des relents nauséabonds. Mais je me dis aussi que ce sont peut-être des préoccupations de riches (même si je ne le suis pas) et qu’à force de m’occuper des mon petit nombril, j’en oublie qu’une écrasante majorité se contre-balance de mes préoccupations car ce qu’elle veut cette majorité, c’est manger et vivre.

Je reste assez circonspect quand je vois fleurir tous ces commentaires dépressifs depuis ce matin et toutes ces critiques acerbes envers les électeurs d’outre-atlantique alors que mon pays est lui-même plongé dans une campagne électorale déplorable à bien des égards. Il y a eu le Brexit et après celui-ci tout le monde se demandait comme c’était possible. Je n’ai pas trouvé grand monde pour me dire: mais moi je suis pour. Il y a désormais le tsunami Trump et tout le monde semble d’un seul homme dire que c’est la pire des choses qui soit. Honnêtement, je ne le sais pas, même si je le redis je n’ai pas beaucoup d’idées en commun avec le nouveau président. Serons-nous les prochains sur la liste des pleurnicheurs de lendemain de campagne alors que 2017 marquera un tournant en France ? Ne sera-t-il pas trop tard pour nous lamenter?

Messieurs les hommes politiques qui vous battez pour une primaire et qui vous invectivez à longueur de journée, ne vous rendez-vous pas compte que vous êtes en train de nous servir la même soupe à la grimace que ce qui est en train de se dérouler aux USA? Personnes n’est-il en mesure de vous fournir l’aiguille salvatrice qui vous permettrait une bonne fois pour toute de crever cette bulle dans laquelle vous êtes confortablement installés? N’en avez-vous pas assez de jouer aux apprentis sorciers? Et vous chers médias, n’envisagez-vous jamais une remise en question sur la manière dont vous orientez et guidez l’opinion, soit-dit en passant pour vous fourrer vous aussi le doigt dans l’oeil bien profond? Et nous, petit et grand peuple, n’en avons nous pas assez de ne rien faire pour transmettre le meilleurs à nos enfants? Il doit y avoir chez chacun d’entre nous, une aspiration au masochisme.

Je n’ai pas peur et pas honte de me mettre dans la catégorie de ceux qui essayent au moins un petit peu de voir les choses sous un autre angle, même si je ne suis pas sans reproche de vouloir parfois m’enfermer dans ma propre bulle. Je me suis aussi laissé ‘trumper’ par le passé. Je me suis laissé berner et souvent bercer d’illusions. J’ai cru ce qu’on me disait sans vérifier. J’ai accepté une pensée unique parce qu’elle était plus facile à avaler. Aujourd’hui j’essaye, je dis bien j’essaye et n’ai surtout pas la prétention d’y arriver, de comprendre, d’entendre, de regarder, d’écouter simplement… et en retour je tente de témoigner de ce que je vois et d’apporter une autre vision que la vision médiation-poitico-éconoqique ambiante dans laquelle nous nous noyons corps et âme et qui nous mène tout droit vers des réveils encore plus douloureux.

Je crois en l’être humain et sa capacité à inventer le futur. Pourtant aujourd’hui, il est avant tout question de présent et de transmission à nos enfants à qui nous sommes en train de faire un bien vilain cadeau. Nous sommes les responsables de cette dérive. Nous sommes coupables de ne pas être en mesure de faire passer des idées d’entraide et de respect mutuel dans la différence. C’est donc à nous, individuellement et collectivement de nous réveiller.